Voici la liste des films diffusés pendant le festival
Hommage à Michael Radford

The Merchant of Venice (Le Marchand de Venise)

De Michael Radford (UK, 2004, 138 mn)

avec Al Pacino, Jeremy Irons, Joseph Fiennes et Lynn Collins

Samedi 5, 14 h, Théâtre Liger, en présence de Michael Radford

Mardi 8, 9h30, Théâtre Liger – Scolaires prioritaires (sous réservation)

En reprenant à l’écran le Marchand de Venise, Michael Radford offre une version nouvelle, lucide et sans prétention de la pièce grâce à la brillante interprétation d’Al Pacino, le Juif Shylock. Son Marchand de Venise, en grande partie fidèle à la lettre et à l’esprit de l’original, est une adaptation moderne dont le premier souci est de faire face au fanatisme anti-Juif qui fait avancer l’intrigue et anime la poésie de la pièce. Michael Radford aborde le problème de Shylock en contextualisant ; les titres d’introduction expliquent le statut marginal de la population juive de Venise et de l’oppression dont elle est victime. Les Juifs vénitiens pratiquaient l’usure parcequ’ils n’avaient aucun accès aux autres activités économiques de la cité, ce qui n’explique pas le personnage de Shylock ni n’efface le procès pour la livre de chair. Shylock n’est pas simplement un anti-héros, vulnérable même dans son désir de revanche, mais un mécontent cupide dont l’insistance sur la livre de chair est méprisable. Une contradiction qu’Al Pacino maîtrise avec maestria. Les autres acteurs sont remarquables, particulièrement Lynn Collins dans le rôle de Portia. Le film évoque une galerie de tableaux de la Renaissance dont les personnages seraient brusquement animés, ce qui approfondit la beauté et l’étrangeté de l’oeuvre.

 

Another Time, Another Place (Les coeurs captifs)

De Michael Radford (U.K., 1983, 108 mn), avec Phyllis Logan, Giovanni Mauriello, Denise Coffey, Tom Watson, Gianluca Favilla, Gregor Fisher, Paul Young

Sous-titrage Ecrans Britanniques

Samedi 5, 10 h, Carré d’Art, en présence de Michael Radford

Ce film, tourné en 1983, a été inspiré à Michael Radford par la découverte du roman de Jessie Kesson. Il se situe en Ecosse vers la fin de la 2e Guerre mondiale dans une communauté rurale qui doit accueillir des prisonniers de guerre italiens. Le film s’attache à dépeindre avec infiniment de finesse les rapports qui se tissent entre ces deux groupes, malgré les obstacles culturels et linguistiques. Il s’attache en particulier aux rapports qui se nouent entre Janie (Phyllis Logan) et Luigi (Giovanni Mauriello), un prisonnier Italien qui a été affecté à sa ferme. Ce beau film, qui parvient à combiner une situation de mélodrame et un réalisme quasi ethnographique, fut alors sélectionné pour le Festival de Cannes Michael Radford déclarait alors : « J’ai voulu retourner au cinéma de passion, de pureté et de réalisme poétique. Il me semble essentiel que la poésie du film provienne de la magie que l’on peut créer dans la vie la plus banale, aussi assujettie qu’elle soit dans ce cas précis, par les rythmes et les rituels de deux cultures opposées. Le drame est de s’apercevoir que le rêve qu’on croit vivre n’en est pas un. J’ai pris de parfaits Italiens parlant chacun un dialecte différent, enracinés dans leur culture, comme les Ecossais le sont dans la leur. J’ai essayé avant tout de donner une ligne aussi pure qui soit au film, sans rien de gratuit ni de complaisant. »

White Mischief (Sur la route de Nairobi)

De Michael Radford (UK, 1987, 107 mn),

avec Greta Scacchi, Charles Dance, Joss Atland, Sarah Miles et Geraldine Chaplin

Samedi 5, 17 h, Carré d’Art, en présence de Michael Radford

Ce film est une variation divertissante du livre de James Fox, le rappel d’un meurtre notoire et des vies d’un petit groupe d’Anglais privilégiés de la haute société, au Kenya, en 1940-41. L’histoire n’est pas centrée sur la romance entre deux aristocrates déjà mariés, qui mènera au meurtre, mais sur la critique sociale d’un univers en déliquescence. Le film n’approuve pas les conduites qu’il expose – individus qui consomment des drogues, passent leur temps à boire, adultères, voyeurisme – et cependant ne s’enlise jamais dans l’insulte ni dans une quelconque analyse. La star est l’ambitieuse Greta Scacchi, entourée d’acteurs talentueux.

 

1984

Écrit et réalisé par Michael Radford (UK, 1984, 113 mn), d’après le roman éponyme de G. Orwell, avec John Hurt, Richard Burton, Suzanna Hamilton

Dimanche 6, 16 h, Sémaphore, en présence de Michael Radford

Dans un univers de désolation, de pénurie, de guerre permanente, où l’idéologie de Big Brother pénètre au plus profond l’intimité des êtres, Winston n’est apparemment qu’un obscur bureaucrate, petit rouage de la machine totalitaire. Seulement voilà, Winston garde une vie intérieure, il tient son journal intime et s’autorise à penser, malgré la novlangue du parti. Il rencontre Julia et tombe même amoureux… L’esthétique rétro-futuriste de 1984 colle au roman d’Orwell écrit dans l’immédiat après guerre au moment où la guerre froide s’installe. Si l’Allemagne nazie a été vaincue, l’Union Soviétique de Staline apparaît au faîte de sa puissance. Par son dolorisme assumé, appuyée par des acteurs pénétrés de leurs personnages, la mise en scène de M. Radford tente de traduire à l’écran l’expérience du pouvoir totalitaire qui broie les individus. Le film de Radford permet la réflexion. Que peut nous apprendre 1984 sur notre monde contemporain ? Peut-on dire que l’on en a fini avec les phénomènes totalitaires ? Autre temps, autre ingénierie sociale, l’IngSoc de 1984 reflète celle du siècle précédent. Le spectre de Big Brother que l’on continue de brandir comme un épouvantail, ne masque-t-il pas les multiples Little Brothers actuels disséminés dans notre monde ? À l’ère néolibérale de la guerre économique sans fin, de la communication verrouillée par les éléments de langage, des programmes média addictifs, des big data intrusifs, de la surveillance globale, des fondamentalistes religieux, du terrorisme appelant l’état d’urgence, qui peut affirmer que le monstre totalitaire ne reste pas encore et toujours tapi au creux de nos sociétés, en ce XXIe siècle commençant ?

Michel Petrucciani

Documentaire musical, réalisé par Michael Radford (Franco-Italo-Allemand, 2011, 102 mn)

Dimanche 6, 19 h, Sémaphore, en présence de Michael Radford

Road movie d’une star du jazz, le film de Michael Radford aborde le destin fulgurant de ce pianiste exceptionnel qui a bouleversé le milieu musical pendant dix-huit années. Dans ce reportage souvent passionnant, on traverse la courte vie de ce génie charismatique aux 91 cm, dont les os pouvaient se briser à chaque instant. Rencontres musicales avec les plus grands noms du jazz, rencontres avec des milliers de fans, rencontres personnelles, nombreux témoignages – il est impossible de séparer l’homme de sa musique. Un jeu d’une puissance primale, au lyrisme éclatant, des émotions rares qui rendent la musique accessible à tous et le placent au sommet.

 

Il Postino (Le Facteur)

De Michael Radford (1994, franco-belgo-italien, 108 mn) adapté du roman Une ardente patience d’Antonio Skármeta, avec Massimo Troisi, Philippe Noiret, Maria Grazia Cucinotta, Renato Scarpa

Mercredi 9, 20 h, Carré d’Art

Dans les années 1950, sur la petite île italienne de Salina en mer Méditerranée, un jeune facteur italien quasiment illettré découvre le pouvoir des mots en compagnie de Pablo Neruda. Une fable initiatique qui allie simplicité et beauté, nostalgie et sincérité, où la poésie devient mode de vie. « Le facteur relate avec une pudeur exquise l’une des plus belles initiations qui soient : la perception et l’expression de la poésie. Face à Philippe Noiret, juste, sobre, presque effacé, Massimo Troisi incarne un éblouissant apprenti poète, sensible et maladroit. Le regard noir, la voix nouée ou traînante, les gestes incertains, Mario est un curieux et délectable mélange de traits pasoliniens et d’expressions à la Chaplin. La moindre de ses paroles touche au sacré. Les mots, les métaphores dont il découvre le pouvoir et qui scellent son amitié avec l’écrivain, lui donnent le courage d’aborder l’étranger, de vivre autrement. Un élan poétique auquel se mêle inéluctablement un sentiment de mélancolie, qui vient peut-être du fait que, pendant le tournage, Massimo Troisi se consume lentement, victime de problèmes cardiaques qu’il refuse de soigner. Il est mort au lendemain du tournage. Le facteur est un hymne touchant à l’amitié, à l’amour et à l’union mentale des êtres, et l’histoire d’une révélation. » (Traduit par le service linguistique d’ARTE de l’allemand vers le français) – édité le 02.07.04. Le film rencontra un énorme succès dans les pays anglo-saxons, restant notamment à l’affiche durant deux ans à New York et remporta 4 prix et 8 nominations dans les festivals.

 

 

 

 

 

Évocation de Derek Jarman

Jubilee

De Derek Jarman (UK, 1978, 104 mn), avec Jenny Runacre, Nell Campbell, Toyah Willcox

Samedi 5, 19h15, Le Sémaphore

La reine Elisabeth Ire est transportée dans le futur grâce à un charme d’Ariel – personnage de La Tempête de Shakespeare. Ce voyage dans le temps la conduit jusqu’à l’époque du règne de la deuxième Elizabeth, qui a été entre temps assassinée… Rencontre inattendue, voyage dystopique et exploration controversée du mouvement punk dont de nombreuses icônes sont évoquées, Jubilee est un film détonnant et provocant dans lequel Jarman célèbre à sa manière le jubilé d’argent de 1977. On a souvent comparé ce film, qualifié par le British Film Institute de prohétique et apocalyptique, à l’approche musicale des Sex Pistols dans sa condamnation de la monarchie, de la société britannique et de la décrépitude urbaine. Jarman n’est cependant pas tendre avec le mouvement punk dont il condamne certaines dérives.

The Tempest (La Tempête)

De Derek Jarman (UK, 1979, 92 mn), d’après la pièce de William Shakespeare, avec Heathcote Williams, Toyah Willcox, Karl Johnson, Peter Bull

Dimanche 6, 14 h, Le Sémaphore

La Tempête est une pièce de Shakespeare appréciée des metteurs en scène pour les nombreuses perspectives d’interprétation qu’elle ouvre. Derek Jarman l’affectionnait tout particulièrement depuis son jeune âge mais il se refusait de la voir sur scène pour pouvoir mieux se l’approprier à son tour. Fasciné par la magie à l’oeuvre dans la pièce, qu’il associe à la période élisabéthaine, il se propose de la restituer à un public contemporain, se déclarant persuadé que le même mystère peut fonctionner dans certains films. Le résultat est, selon le British Film Institute, une des adaptations les plus originales de cette pièce, dans laquelle on retrouve l’influence punk de l’époque. On remarque d’ailleurs, dans un casting surprenant, des acteurs du film Jubilee tourné l’année précédente, mais aussi le poète Heathcote Williams. Une adaptation « flamboyante et inventive, qui montre tout ce que le cinéma peut apporter à Shakespeare ». (Michael Brooke).

 

The Angelic Conversation

De Derek Jarman (UK, 1985, 77 mn, anglais sous-titré)

Jeudi 10, 20h15, Théâtre Christian Liger.

Voir  ciné-concert

Shakespeare dans le cinéma britannique

Chimes at Midnight (Falstaff)

D’Orson Welles (anglo-hispano-américain, 1965, 115 mn, NB), scénario d’Orson Welles, avec Orson Welles, Keith Baxter, John Gielgud, Jeanne Moreau, Margaret Rutherford, Marina Vlady

Dimanche 6, 11 h, Sémaphore, en présence de Michael Radford

Chimes at Midnight, rebaptisé Falstaff lors de sa sortie en France, est une adaptation libre de 4 pièces historiques de Shakespeare Richard II, Henry IV, Henri V, Les Joyeuses commères de Windsor et de Les Chroniques d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande de Raphael Holinshed Orson Welles s’est toujours senti acteur shakespearien dans l’âme, et les critiques l’ont rejoint sur ce point. Mais, différent des personnages tragiques qu’il interpréta dans son Macbeth ou son Othello, il incarne ici Falstaff, le bouffon, création burlesque, emphatique dans des épisodes tirés de ces diverses pièces et l’on peut dire que Welles peut y insuffler son propre « hénaurme » tempérament, sans nul besoin de se réfréner. Il y interprète « l’ivrogne, menteur, voleur, paillard, cynique Falstaff, le compagnon le plus jovial et le plus sympathique du monde ». Welles considère qu’il s’agit là du personnage le plus réussi que Shakespeare ait créé. Le film est aujourd’hui considéré, par de nombreux critiques, comme le meilleur film du grand réalisateur.

Shakespeare Wallah

De James Ivory, (US, 1965, 117 mn, NB) scénario de Ruth Prawer Jhabvala et James Ivory, avec Shashi Kapoor, Geoffrey Kendal, Felicity Kendal, Madhur Jaffrey, Laura Liddell

Mardi 8, 10 h, Carré d’Art

James Ivory signe là un film subtil d’une tonalité mélancolique magnifiée par le noir et blanc et la musique du grand cinéaste Satyajit Ray. Shakespeare Wallah suggère avec délicatesse et un certain humour les problématiques relations indo-britanniques dans la période de décolonisation qui a suivi la Partition de L’Inde en 1947-1948. Dans ce contexte de profonde mutation, le film, qui s’inspire de la vie réelle de la famille Kendall, suit la tournée d’une troupe de comédiens shakespeariens autrefois acclamée et aujourd’hui déclassée, dans un pays quise modernise et où le cinéma omniprésent a supplanté le théâtre. La famille Buckingham, père, mère et fille, vit ce rejet dans la nostalgie d’un temps où la culture britannique dominante jouissait d’un prestige incontesté. Le va-et-vient constant entre la réalité et la représentation théâtrale suggère le difficile dialogue entre les deux communautés, tandis que les vers de Shakespeare, fil rouge de la narration, éclairent remarquablement les ambiguïtés de la situation. Contrariée par la belle Manjula, actrice adulée interprétée par Madhur Jaffrey (Ours d’argent pour la meilleure actrice à la Berlinade de 1965), l’intrigue amoureuse qui se noue entre la comédienne Lizzie et Sanju, jeune Indien oisif de la classe montante, témoigne des contradictions et des tourments nés des bouleversements de l’histoire.

Much Ado About Nothing (Beaucoup de bruit pour rien)

De Kenneth Branagh, (UK-US, 1993, 153 mn) avec Kenneth Branagh, Emma Thompson, Keanu Reeves, Robert Sean Leonard, Denzel Washington, Mickaël Keaton, Kate Beckinsale

Mardi 8, 14 h, Carré d’Art

Ce film est une véritable passion, celle de Kenneth Branagh pour les oeuvres de Shakespeare. L’histoire se déroule à Messine en Sicile mais le film a été tourné dans la province de Florence en Toscane à Greve in Chianti. Branagh fait glisser la caméra sur ces magnifiques paysages toscans donnant à chaque plan des couleurs et une composition dignes d’un tableau de maître. Il ponctue le film de la magnifique et exaltante musique de Patrick Doyle. Et on se laisse emporter ! Le talent de Branagh ne s’arrête pas à la réalisation mais s’illustre pleinement dans les joutes verbales avec Emma Thompson, alors son épouse, qui a d’ailleurs obtenu le British Film Awards de la meilleure actrice en 1994 pour le rôle de Béatrice. Le casting dans son ensemble est époustouflant. Les acteurs sont passionnés et contribuent, par leur jeu, au rythme du film dans de somptueux décors. Cette combinaison de situations burlesques avec des moments d’émotion et de suspens, caractéristique de nombreuses pièces de Shakespeare, s’allie à l’esthétique des décors et des costumes ainsi qu’à la superbe prestation des acteurs pour un moment de pur bonheur. A consommer sans modération !

Macbeth

De Roman Polanski (UK, 1971, 140 mn), avec Jon Finch, Francesca Annis, Martin Shaw, Nicholas Selby, Stephan Chase

Mercredi 9, 9 h 30, Théâtre Liger, en présence de Bill Homewood et Estelle Kohler

Artiste original, Roman Polanski réalise un Macbeth original. Imposant sa vision, il se place du côté de Macbeth en choisissant de partager son point de vue. Dans cet univers de pluie et de brume, d’aubes grises et de soirs froids où tout est menace, même le son des trompettes, tous les personnages du film semblent mûs par les circonstances et non motivés par des idées. Leur ignorance est telle que les merveilleux dialogues écrits pour eux par Shakespeare ont l’air de les dépasser. Les images de Polanski évoquant un monde cruel, irrationnel et sanglant sont souvent étranges et hiératiques ; certaines scènes, comme la rencontre avec les sorcières et l’apparition dans la forêt, relèvent du fantastique. Cette adaptation cinématographique violente, « pleine de bruit et de fureur » révèle un réalisateur intransigeant pour qui les événements qui se déroulent sont dépourvus de sens. La fin du film suggère que le mal dans l’homme est toujours présent.

Love’s Labour’s Lost (Peines d’amour perdues)

Comédie musicale réalisée par Kenneth Branagh (UK, 1999, 93 mn), avec Kenneth Branagh, Alicia Silverstone, Alessandro Nivola, Natascha McElhone, Nathan Lane, Timothy Spall, Richard Briers. Musique de Patrick Doyle

Mercredi 9, 10 h, Carré d’Art

Dans la longue liste d’adaptations de pièces de Shakespeare par Kenneth Branagh, une en particulier avait séduit déjà en 1993 par son allégresse et son inventivité, Much Ado about Nothing. En récidivant en 1999, il choisit, cette fois, de transporter une des comédies du dramaturge les plus flamboyantes dans les années 30 et de la transformer en comédie musicale, intégrant dans le dialogue original de grands succès de Cole Porter, Irving Berlin et George Gershwin. L’action du film se déroule à la cour de Ferdinand, roi de Navarre. Le souverain et ses trois fidèles compagnons, désireux de consacrer les trois prochaines années à la philosophie, font le serment de renoncer à toute aventure frivole.Mais, lorsqu’arrivent la Princesse de France et trois de ses dames de compagnie en visite officielle, le pacte menace d’être rompu… L’audace provocatrice des choix esthéthiques du réalisateur, s’il met à mal l’orthodoxie shakespearienne, aboutit à 93 minutes de pure jubilation, dans la tradition des meilleurs « musicals », avec, notamment, le choix d’un télescopage réjouissant entre situations/ dialogues shakespeariens et chansons connues, à comparer avec celui de On connaît la chanson d’Alain Resnais. Branagh se justifie, déclarant : « Lorsque je jouais Love’s Labour’s Lost au théâtre, cela me rappelait toujours l’esprit léger, candide et enchanteur de vieilles comédies musicales américaines. De plus, le texte de Shakespeare fait constamment référence au chant et à la danse. »

 

Hamlet

De Laurence Olivier (UK, 1948, 155 mn, NB), avec Laurence Olivier, Eillen Herbie (la Reine), Basil Sydney (le Roi), Felix Aylmer (Polonius), Jean Simmons (Ophélie)

Mercredi 9, 14 h 15, Théâtre Liger, en présence de Bill Homewood et Estelle Kohler

En filmant la pièce de Shakespeare la plus emblématique, la plus commentée, la plus jouée dans le monde, Laurence Olivier révèle l’étonnante vitalité de cette tragédie qui trouve, grâce au cinéma, une dimension dramatique nouvelle, plus contemporaine et plus accessible au public. Son Hamlet rend la pièce plus évidente, offrant au spectateur une proximité visuelle que donne la caméra mais que ne donne pas la scène. Les réactions subtiles des personnages, les émotions qui les animent, le jeu inspiré des acteurs sont autant de perspectives brillantes et rares permettant l’accès à cette oeuvre d’art pleine de beauté, de passion, d’humour macabre et d’exaltation. L’interprétation virile et fascinante de Laurence Olivier, sans fausse note, et celle, lumineuse, de Jean Simmons ne font pas oublier le travail remarquable des autres acteurs, dont le mérite est aussi leur diction parfaite. La photographie classique, en noir et blanc, convient à l’atmosphère sombre de l’histoire et aux décors majestueux de ce palais hanté.

 

Romeo and Juliet

De Renato Castellani (italo-britannique, 1954, 141 mn), avec Laurence Harvey, Susan Shentall, Flora Robson, Norman Wooland, Mervyn Johns, John Gielgud, Bill Travers

Jeudi 10, 9h30, Théâtre Liger, en présence de Bill Homewood et Estelle Kohler

Vérone, en Italie. Roméo aime Juliette, Juliette aime Roméo. Il est noble, elle aussi. L’histoire pourrait être belle, mais, il s’appelle Montaigu et elle se nomme Capulet. Les deux familles se détestent et l’histoire d’amour tourne à la tragédie. Qui ne connaît pas les amours contrariées de ces deux amants maudits ? Personne sans doute ! Les adaptations de la pièce de Shakespeare au cinéma sont nombreuses : citons George Cukor, en 1937 ou Zefirelli, en 1966. La version de Castellani est l’une des plus réussies. Le film a remporté de nombreuses distinctions, parmi lesquelles, le très prestigieux Lion d’Or de La Mostra de Venise, en 1955. (Rédigé par la 3e A du Collège Romain Rolland, sous la supervision de Mme Bennaceur)

Shakespeare in Love

Comédie romantique de John Madden (US, 1998, 123 mn), avec Joseph Fiennes, Gwyneth Paltrow, Judi Dench, Geoffrey Rush, Ben Affleck, Rupert Everett, Colin Firth, Tom Wilkinson

Jeudi 10, 14 h, Carré d’Art, en présence de Bill Homewood et Estelle Kohler

Ce film est avant tout une belle histoire d’amour. Shakespeare vit à Londres où il est en manque d’inspiration. Pour rembourser ses dettes, il doit livrer une nouvelle pièce, Roméo et Ethel, la fille d’un pirate, dont il n’a écrit que le titre. Il est à la recherche d’une muse qui lui redonnerait l’inspiration. Il la rencontre en la personne de Lady Viola, jeune femme de haut rang qui adore le théâtre, assiste à toutes les représentations et souhaiterait devenir actrice. Malgré l’interdiction faite aux femmes de faire du théâtre et sa position dans la société, elle se déguise en homme et obtient le rôle de Roméo. Shakespeare découvre tout de suite la supercherie et ils tombent éperdument amoureux. Dès lors, il se remet à écrire sa pièce qui sera Roméo et Juliette. Le film est émouvant, les acteurs sont resplendissants, les costumes magnifiques. Les personnages sont hauts en couleur notamment Judi Dench en reine Elisabeth ou encore Colin Firth en Lord Wessex, qui doit épouser Lady Viola. Le scénario est conçu comme une pièce que Shakespeare aurait pu écrire lui-même : la pièce est jouée dans la pièce et les deux histoires s’entremêlent, se confondent, même par moments, comme la scène du balcon. L’auteur trouve sa muse qui continuera à l’inspirer notamment dans La nuit des rois.

Rosencrantz and Guildenstern are Dead (Rosencrantz et Guildenstern sont morts)

De Tom Stoppard (UK, 1990, 117 mn), adapté de sa propre pièce du même nom, avec Gary Oldman, Tim Roth, Iain Glen et Richard Dreyfus en prime et une variation de Goldberg pour la musique !

Jeudi 10, 17 h, Carré d’Art

Gertrude, mère d’Hamlet, et le roi Claudius font venir Rosencrantz et Guildenstern, amis d’enfance du prince, à la cour d’Elseneur pour surveiller Hamlet dont le comportement est pour le moins étrange. A la suite de la représentation d’une pièce commandée par Hamlet, véritable réquisitoire contre Claudius, ce dernier somme les deux hommes de partir pour l’Angleterre en compagnie d’Hamlet et leur confie une lettre dans laquelle il demande à la Cour britannique d’exécuter le prince. Cette comédie brillante et irrésistible, où les dialogues font mouche et dont la mise en scène fourmille de trouvailles, a été couronnée par le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1990. Un « Tim & Gary au pays de Hamlet », une superbe réflexion sur la notion de personnage et de l’acteur (ici incarné par un Richard Dreyfuss en grande forme) qui ne manque pas de piquant.

All Night Long (Tout au long de la nuit)

De Basil Dearden (UK, 1962, 91 mn, NB), scénario de Nel King et Paul Jarrico, photographie Edward Scaife, avec Paul Harris, Marti Stevens, Patrick McGoohan, Richard Attenborough

Vendredi 11, 20 h, Carré d’Art.

Présenté par Nicolas Botti « Voici une adaptation très libre d’Othello. Les scénaristes américains King et Jarrico gardent les thématiques principales (la jalousie et la trahison) mais changent totalement le contexte. Othello est ici Aurelius Rex, un célèbre musicien afro-américain de jazz qui fête, dans un club, son premier anniversaire de mariage avec sa femme, la blonde Delia, ancienne chanteuse qui a pris sa retraite à la demande de son époux. Iago est Johnny, un batteur qui souhaite monter son propre groupe avec Delia, et pour ce faire, essaie de faire sombrer leur mariage en rendant Aurelius jaloux. Le film se déroule l’espace d’une soirée dans un club de jazz londonien du début des années 60. Basil Dearden livre un film dynamique et audacieux porté par un casting formidable (on a même droit à des guest stars de choc comme Charles Mingus et Dave Brubeck). Une perle rare ! » Nicolas Botti

 

Actualité du cinéma britannique

Burn, Burn, Burn

De Chanya Button (UK, 2015, 106 mn), scénario de Charlie Covell, avec Laura Carmichael, Chloe Pirrie, Dan Farthing, Joe Dempsie

Avant-première, vendredi 4, 21 h, Sémaphore

Seph, Alex et Dan étaient inséparables. Dan est mort. Pour respecter ses dernières volontés, Seph et Alex prennent la route pour disperser ses cendres dans divers lieux de Grande Bretagne. Dan est avec elles, dans la boîte à gants et à travers des messages vidéo où il leur donne ses instructions d’étape en étape et leur explique pourquoi ces lieux ont compté pour lui. Pas de quoi vraiment rigoler, n’est-ce pas ? Faux ! C’est oublier cet inimitable talent britannique pour l’humour noir (souvenez-vous de Joyeuses Funérailles). En fait, ce road-movie est un jeu de piste hilarant et grave, un voyage initiatique tragicomique (un peu tragi, beaucoup comique) pour ces deux quasitrentenaires un peu paumées à ce moment de leur vie, un voyage de découverte, des autres et surtout, de soi. Charlie Covell, la scénariste, a été consacrée révélation de l’année 2015 par le BAFTA, l’Académie Britannique des Arts de la Télévision et du Cinéma.

Dough

De John Goldschmidt (UK – HONG, 94 mn, 2015) scénario Jez Freedman et Jonathan Benson, avec Jonathan Pryce, Jerome Holder, Pauline Collins, Ian Hart, Phil Davis

Avant-première, samedi 5, 21 h 15, Sémaphore, en présence de Jerome Holder

Nat (Jonathan Pryce, magistral comme à son habitude) est un vieux grognon de boulanger juif de l’East End qui, contre vents et marées, son propre fils et la concurrence impitoyable du supermarché voisin, s’efforce de maintenir l’activité très déclinante de sa boulangerie kasher et son mode de vie traditionnel. Lorsque le fameux supermarché lui vole son unique employé, il doit se résoudre à engager comme apprenti un jeune immigré originaire du Darfour, le fils de sa femme de ménage. Lequel est musulman et, accessoirement, dealer de cannabis au petit pied. Une situation classique de comédie : des personnages que tout oppose et qui vont apprendre à s’apprécier par-delà leurs différences. Dough tombe bien par les temps qui courent. C’est un « feel-good movie » -et il n’y a pas de mal à se faire du bien- une comédie chaleureuse qui nous parle d’amitié, de loyauté, de la difficulté de vivre ensemble et du salut qui peut venir de là où on l’attend le moins, de la nécessité de surmonter ses préjugés… et de muffins magiques.

23 Blood Cells

De Joseph Bull et Luke Seomore (UK, 2014, 86 mn), scénario de John Bull, Luke Seomore et de Ben Young, avec Barry Ward, Francis Magee, Keith McErlan, Hayley Squires, Chloé Pirrie, Jimmy Akingbola

Avant-première, dimanche 6, 21 h, Sémaphore, en présence de Barry Ward

Adam (Barry Ward) s’est coupé de sa famille et s’est peu à peu marginalisé dans une vie d’errance depuis que la fièvre aphteuse a décimé le cheptel de son père et détruit la ferme familiale. Il reçoit un jour un ultimatum de son frère qui va devenir papa : s’il ne vient pas voir son neveu, les ponts seront définitivement coupés. Adam s’embarque donc dans ce voyage de la dernière chance, dernière chance de renouer avec sa famille, dernière chance d’échapper à un passé dévastateur qui l’a brisé et que l’on découvre à travers des flash-backs lancinants. C’est l’une des questions que pose le film, comment survivre à un passé qui menace à tout moment de nous engloutir et de nous étouffer ? Blood Cells est un road movie tendu, parfois quasi surréaliste, qui explore les marges de la société britannique et pose un regard lucide et compatissant sur les quasi fantômes qui la peuplent, tous ces gens qui semblent vivre la vie sur la pointe des pieds. Pour autant, ce n’est pas un film misérabiliste, c’est un film profondément humain, magnifiquement filmé et porté par une interprétation remarquable. Barry Ward, révélé par Jimmy’s Hall de Ken Loach qu’il est venu présenter à Nîmes, est un Adam saisissant. Il nous fait l’amitié de revenir à Nîmes pour présenter ce film qui lui tient à coeur.

Steve Jobs

De Danny Boyle (USA, 2015, 122mn), avec Michael Fassbender, Kate Winslet, Seth Rogen, Jeff Daniels, Katherine Waterston

Lundi 7, 13 h 45, Le Sémaphore

Après une carrière ponctuée de grands succès comme Trainspotting ou Slumdog Millionaire, Danny Boyle s’attaque à la révolution numérique mais aussi à la personnalité de Steve Jobs en adaptant la biographie de ce dernier parue en 2011. Il s’offre un casting royal et met ses deux acteurs principaux en lice pour un prix d’interprétation aux Oscars 2016. Le scénario d’Aaron Sorkin, composé de seulement trois scènes correspondant aux lancements de trois produits par Jobs, défie les convenances du biopic traditionnel tout en ouvrant des perspectives passionnantes dans l’étude du personnage.

 

Moonwalkers

D’Antoine Bardou-Jacquet (UK, 2016, 107 mn), avec Ron Perlman, Rupert Grint, Robert Sheehan

Lundi 7, 16 h, Le Sémaphore

« Juillet 1969, Tom Kidman, l’un des meilleurs agents de la CIA de retour du Vietnam, est envoyé à Londres pour rencontrer Stanley Kubrick et le convaincre de filmer un faux alunissage au cas où la mission Apollo 11 échouerait. Kidman ne trouve pas Kubrick, mais il tombe sur Jonny, le manager raté d’un groupe de rock hippie… » (Allociné). A partir d’un scénario très habile, et avec d’excellents acteurs, le film nous entraîne dans des aventures absolument hilarantes, truffées de références cinématographiques et de clins d’oeil à la rivalité anglo-américaine. Une très bonne comédie !

Couple in a Hole (Sauvages)

De Tom Geens (UK, 2016,105mn) scénario de Tom Geens, avec Paul Higgins, Kate Dickie, Jérôme Kirche

Avant-première, lundi 7, 18 h, Sémaphore. Présenté par Valérie Pangrazzi

Les oiseaux gazouillent. Le vent souffle discrètement à travers les feuilles. Un homme se jette sur un lièvre et l’abat. Enfin un repas digne de ce nom pour sa femme et lui. Leurs vêtements et alliances laissent supposer que le couple menait autrefois une vie bourgeoise. Aujourd’hui, ils vivent dans la forêt, dans un coin perdu des Pyrénées. Tandis que sa femme n’ose pas sortir de la grotte à cause de ses attaques de panique, John part chaque jour à la recherche de nourriture. Lorsqu’il doit aller chercher des médicaments au village le plus proche, il tombe sur le serviable paysan André. Ce dernier parvient à gagner la confiance de John, réveillant en lui sa nostalgie de la civilisation. Néanmoins, pour rien au monde il ne révélerait la cachette de sa femme. Mais il est déjà trop tard… Avec l’aide de ses brillants acteurs, le réalisateur Tom Geens dresse le profil psychologique tranchant d’un couple traumatisé. (Dossier de presse) Le film est le grand lauréat du festival de Dinard dont il a remporté les trois principaux prix : Hitchcock d’or, Hitchcock du meilleur scénario et Hitchcock du public. Il a reçu un accueil enthousiaste de la critique.

Deliverance

(version restaurée)

De John Boorman (USA, 1972, 110 mn) scénario de James Dickey d’après son roman éponyme, avec Jon Voight, Burt Reynolds, Ned Beatly, Ronny Cox

Lundi 7, 20 h 45, Sémaphore Intervention de Vincent Capes – Association ANIMA

Quatre amis, trois paisibles hommes d’affaire d’Atlanta et un super macho-man tout en muscles et moustache (Burt Reynolds dans l’un de ses meilleurs rôles, sinon le meilleur) décident de passer leur week-end à descendre en canoë une rivière impétueuse du nord de la Géorgie au pied des Appalaches. La rivière et sa vallée vont disparaître, noyées par un barrage et l’expédition se veut un dernier hommage à cette nature sauvage défigurée et condamnée par l’homme. Ils ne savent pas qu’ils s’embarquent, en réalité, pour un voyage au bout de l’enfer, où le mythe de la nature idyllique et accueillante où l’on peut se ressourcer –très en vogue en ces années de flower power- en prend un sérieux coup. Tout comme, d’ailleurs, le mythe rousseauiste du bon sauvage. Deliverance, oui, mais quelle délivrance, et de quoi ou de qui ? Le chef d’oeuvre de John Boorman, film culte qui a marqué l’inconscient collectif de toute une époque, nous revient en version restaurée. A voir, revoir et re-re-revoir !

Hector

De Jake Gavin (UK, 2015, 87mn), avec Peter Mullan, Keith Allen, Natalie Gavin

Mardi 8 mars, 16 h, Le Sémaphore

Tous les ans, vaille que vaille, Hector se rend à Londres pour fêter le Nouvel An. Pour rien au monde, il ne raterait cette réunion avec d’autres amis sans-abri. Il entreprend donc un long voyage à pied de l’Ecosse jusqu’à la capitale. Sentant que c’est peut-être son dernier voyage, Hector prend des chemins de traverse et tente de se raccrocher à son passé et ce qu’il a laissé derrière lui. Sur sa route, il croise des gens égocentriques mais surtout des personnes bonnes qui le prennent en stop, lui offrent à manger ou un toit au-dessus de sa tête. Il s’agit d’un premier film pour le réalisateur et, dans la veine du cinéma social britannique, c’est une réussite. Peter Mullan apporte encore une fois toute sa sensibilité à l’évocation d’une situation difficile, et porte avec talent un film qui a le mérite de ne pas tomber dans le pathétique ou le larmoyant et parle de pudeur et de dignité.

Pursuit

De Paul Mercer (Irlande, 2015, 95 mn), scénario de Paul Mercer avec Barry Ward, Ruth Bradley, Liam Cunningham, Owen Roe, David Pearse, Brendan Gleeson –

Sous-titrage Ecrans Britanniques

Avant-première, mardi 8, 18 h, Sémaphore, en présence de Barry Ward

Il était une fois une princesse qui chanta dans la forêt jusqu’à en perdre la voix. Son père était un roi que tous craignaient mais que personne n’aimait et il en était très en colère ; c’était Fionn, son chef des gardes, que le peuple aimait car c’est Fionn qui les protégeait de leurs ennemis. Et partout où Fionn allait, allait aussi Diarmuid, son meilleur guerrier. Et il advint que Diarmuid et Graiine, la fille du roi… La suite, vous la découvrirez en regardant Pursuit, puisque c’est cette légende très connue en Irlande que Paul Mercer a adaptée. Sauf que la forêt est devenue les quartiers chauds de Dublin et le roi, le chef de la pègre locale et que Pursuit traite de mythes contemporains, la quête du pouvoir, la reconnaissance sociale, l’amour et la possibilité de tout recommencer. A la fois thriller et road movie trépidant, Pursuit est un conte moderne qui nous parle d’amour, de trahison, de vengeance et de la quête d’une vie meilleure, à la poursuite d’un rêve brisé.

Love and Friendship

De Whit Stillman (US, 2016, 92 mn), avec Kate Beckinsale, Chloe Sevigny, Xavier Samuel, Emma Greenwell, Tom Bennett, Stephen Fry

Avant-première, dimanche 13, 11 h, Sémaphore

Cette comédie romantique est inspirée d’un roman écrit à quinze ans par la romancière anglaise Jane Austen, qui a signé des livres comme Raison et Sentiments et Orgueil et Préjugés. Le film raconte l’histoire de Lady Susan Vernon qui, victime de rumeurs sur sa vie privée, décide de se trouver un mari et de faire également épouser sa fille. Tourné en Irlande, en février 2015 et malgré un budget limité, le cinéaste Whit Stillman (Les Derniers Jours du disco) tire le meilleur parti des décors de grandes demeures du XVIIIe siècle. A l’affiche, on retrouve Kate Beckinsale (Underworld, Van Helsing et Total Recall) avec, à ses côtés, Chloë Sevigny (American Psycho et la série TV Big Love), Xavier Samuel (révélé dans Twilight) et Stephen Fry (Alice au pays des Merveilles de Tim Burton). « La bande son de Love & Friendship est si agréable que l’on pourrait facilement se contenter de l’écouter les yeux fermés, surtout avec l’accompagnement harmonieux des partitions pour piano et cordes de Benjamin Esdraffo ; mais ce serait dommage, compte tenu de la qualité visuelle du travail qui nous est présenté. Les charmants costumes d’Eimer Ni Mhaoldomhnaigh et les mobiliers exquis conçus par Anna Rackard sont merveilleusement mis en relief par les images lumineuses de Richard van Oosterhout. Qu’il suive en longs plans extérieurs les acteurs qui se promènent en conversant ou qu’il observe sur leurs visages le jeu évanescent des flammes de l’âtre en intérieur, il apporte au projet un riche éclat cinématographique à un projet qui, au-delà des tribulations de Lady Suzan, parvient à réunir comme ils le méritent Jane Austen, l’auteur, et Whit Stilman, le réalisateur. » Justin Chang, Critique Cinéma en chef – Variety – Sundance review. Traduction S. Vanston EB/BS

Sunset Song (Le chant du Crépuscule)

De Terence Davies (UK, 2015, 135 mn), scénario deTerence Davies d’après Lewis Grassic Gibbon, avec Peter Mullan, Agyness Deyn, Jack Greenlees, Kevin Guthrie, Ian Pirie

Avant-première, dimanche 13, 18 h, Sémaphore, en présence de Roy Boulter, producteur

Au Festival de Cannes 2003, UGC annonce officiellement son intention de s’investir dans le projet de porter à l’écran le roman Sunset Song, premier volet de la Trilogie A Scots Quair du romancier Ecossais Lewis Grassic Gibbon, sous la direction du cinéaste Terence Davies. Mais, après des tergiversations, le British Film Council refuse de s’engager dans le projet, ce qui bloque totalement le tournage qui devait commencer en 2003. Ce n’est que 10 ans plus tard, avec une nouvelle structure de production, Hurricane Films, que le tournage peut commencer ! Davies a alors choisi Agyness Deyn et Peter Mullan pour les deux rôles principaux… Lewis Grassic Gibbon est le pseudonyme de James L. Mitchell, né en 1901 en Ecosse. Au cours de sa brève carrière, il publia, avec succès, sous ces deux noms, alternant des écrits de polémiste politique et des oeuvres romanesques puisées dans l’Ecosse de son enfance, parmi lesquelles la trilogie A Scots Quair. Davies est, depuis quelque temps déjà, très passionné par ce projet. Il a également conscience du défi que cela représente. Pour de nombreux lecteurs, il s’agit, d’un livre-culte. Comme pour toute oeuvre-culte, une adaptation risque de choquer, de heurter la représentation forte que ceux-ci ont conservé de ce roman écrit dans une langue originale très influencée par le dialecte particulier de la région des Mearns où se situe l’histoire. Davies définit d’ailleurs luimême ce roman écossais comme une oeuvre « rhapsodique », dans le sens, sans doute, où Baudelaire employait cet adjectif dans Les Paradis Artificiels pour définir « un train de pensées suggéré par le monde extérieur et le hasard des circonstances », mais aussi le musicien Franz Liszt, l’auteur des Rhapsodies Hongroises, pour qui le mot sert à désigner «…l’expression de certains états d’âme dans lesquels se résume l’idéal d’une nation ». On retrouve dans cette convergence, la conception que Terence Davies, le mélomane, a du travail filmique. Davies se plonge « avec enthousiasme » dans l’adaptation d’« un livre plein d’un lyrisme mélancolique », qu’il compare à « un thrène apaisé, une lente complainte sur le mystère de l’existence ». Une métaphore qui, à nouveau, en dit long sur ses attirances esthétiques et cette symbiose qu’il fait sienne, entre littérature et musique. Le roman retrace une saga paysanne dans l’Ecosse du début du siècle, centré sur une famille, les Guthrie, et une héroïne en particulier, Chris Guthrie, qui va s’identifier à cette terre âpre et finir par symboliser le courage obstiné des hommes qui s’efforcent d’en tirer quelque maigre subsistance. Durement secouée par la vie, l’âpreté des conditions d’existence, les souffrances accumulées, réussissant à émerger de tout cela par sa découverte d’une vie intellectuelle étrangère à son milieu d’origine, déchirée entre ses rêves entrevus d’un ailleurs plus confortable et la fidélité à cet environnement dans lequel elle a grandi, développant sous une apparence de vulnérabilité, un tempérament et une force de résistance exceptionnels, cette héroïne éveille des résonances évidentes chez Terence Davies. Ainsi, la mort du père Guthrie, homme brutal, durci par les épreuves, est perçue d’abord par Chris comme une libération, mais l’ambivalence de ses sentiments vis-à-vis de celui-ci surgit douloureusement aux funérailles, nous rappelant des scènes semblables dans Distant Voices, Still Lives.

 

Wallace et Gromit : Le Mystère du Lapin-garou (Wallace and Gromit : the Curse of the Were-Rabbit)

Film d’animation de Nick Park et Steve Box (UK, 2005, 85 mn, VF) réalisé au studio Aardman Animations

Samedi 12, 11 h, Sémaphore, présenté par Alexis Hunot

Une « fièvre végétarienne » intense règne dans la petite ville de Wallace et Gromit, et l’ingénieux duo a mis à profit cet engouement en inventant un produit anti-nuisibles humain et écolo, qui épargne la vie des lapins… A quelques jours du Grand Concours Annuel de Légumes, les affaires de Wallace et Gromit n’ont jamais été aussi florissantes, et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si une créature maléfique ne venait soudain s’attaquer aux sacro-saints potagers de la ville… Avec ses références parodiques à des classiques du cinéma fantastique (films de loup-garou, thème du savant fou, King Kong) Le Mystère du lapin-garou est le premier long-métrage mettant en scène les célèbres personnages de pâte à modeler Wallace et Gromit. « Réaliser un Wallace & Gromit de 30 minutes exige déjà énormément de temps, de soin et de patience », explique Nick Park. « Un long métrage de 85 minutes revient à bâtir… la Muraille de Chine avec des allumettes ! Il a fallu cinq ans d’efforts ininterrompus, parce que chaque détail compte, y compris les plus minuscules. Je pense toutefois que le défi majeur fut d’inventer l’intrigue qui nous permettrait de passer d’un coup de 30 minutes à 85. »

Pour les les horaires des films suivants, se reporter aux programmes du Sémaphore

Room

De Lenny Abrahamson (Irlande, Canada, 2015, 117 mn) avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen

Déjà acclamé par la critique pour Garage en 2007, Lenny Abrahamson frappe un nouveau grand coup. Il adapte ici le best-seller d’Emma Donoghue (scénariste du film) inspiré de plusieurs cas de séquestrations et qui relate l’histoire de Jack 5 ans et sa mère, Ma, retenus prisonniers dans leur chambre. Ma va tout tenter pour offrir à son fils une nouvelle chance et une nouvelle vie. La performance bouleversante de Brie Larson lui a déjà valu un Golden Globe et le film est nominé aux Oscars dans les catégories meilleur film, meilleur metteur en scène, meilleure adaptation et meilleure actrice !

Brooklyn

De John Crowley (UK, Irlande, Canada, 2016, 112 mn) scénario de Nick Hornby, avec Saoirse Ronan, Emory Cohen, Domhnall Gleeson, Jim Broadbent, Julie Walters

Dans les années 50, une jeune Irlandaise part à New-York en espérant y trouver du travail. Employée dans un grand magasin, elle prend parallèlement des cours de comptabilité. Elle s’éprend d’un plombier italien, qu’elle épouse en secret. De retour dans son pays d’origine à l’occasion de l’enterrement de sa soeur, elle se retrouve à l’heure des choix : quelle vie veutelle mener ? « L’adaptation de Nick Hornby du beau roman de Colm Toibin sur une immigrante irlandaise qui trouve l’amour à New York vous donnera le frisson. » Tim Robey, The Telegraph. « Le succès du film de John Crowley adapté du roman de Colm Toibin repose largement sur la performance époustouflante de Saoirse Ronan dans le rôle principal. » David Sims, The Atlantic. Le film n’a pas séduit que les critiques et le public. Il est reconnu par la profession : Nominations aux Oscars [Meilleur film, Meilleure actrice (Saoirse Ronan)], aux BAFTA [Meilleur film britannique de l’année, Meilleur scénario adapté, Meilleure actrice, Meilleure actrice dans un second rôle (Julie Walters)], aux Golden Globes [Meilleure actrice] pour ne citer que les plus prestigieux. Plutôt tentant, non ?